fbpx

Anomie et intelligence artificielle : pourquoi les entreprises doivent se doter d’une charte IA ?

Une anomie numérique en entreprise ?

Émile Durkheim, père fondateur de la sociologie, décrit l’anomie comme une situation où les normes sociales se brouillent ou disparaissent, provoquant désorientation, tensions, voire désengagement. Appliquée à l’usage de l’IA dans les organisations, cette notion éclaire une réalité actuelle : l’absence de cadre clair autour de l’IA génère du flou, des risques et une perte de repères collectifs.

L’IA, notamment via des outils accessibles comme ChatGPT, génère enthousiasme et exploration… mais souvent dans un vide normatif.

Résultat : des usages divergents, une gouvernance floue et un désalignement des valeurs internes.
Avec toutes les problématiques associées, notamment psychologiques et juridiques.


Les symptômes d’une anomie de l’IA en entreprise

Sans charte, plusieurs symptômes apparaissent, révélateurs d’un contexte anomique :

  • Absence de repères partagés : chacun interprète librement ce qui est permis ou non avec les IA.
  • Usage non maîtrisé (« Shadow AI ») : des outils sont utilisés en dehors de tout contrôle, exposant l’entreprise à des risques (RGPD, sécurité, biais…).
  • Conflits de valeurs : sans débat éthique structuré, les décisions autour de l’IA peuvent heurter les convictions individuelles.
  • Perte de confiance : les décisions automatisées perçues comme opaques ou injustes nourrissent un sentiment d’iniquité.
  • Désengagement : sans cadre clair, les collaborateurs se détachent des projets IA, jugés mal encadrés ou opportunistes.
  • Hétérogénéité des pratiques : chaque service invente ses propres règles, source de tensions et d’inefficacité.
  • Flou des responsabilités : en cas de problème, personne ne sait vraiment qui est responsable des dérives algorithmiques.


La charte IA : antidote à l’anomie organisationnelle

Face à cette dérive, une charte de l’IA devient un outil stratégique. Elle ne se réduit pas à un document figé : elle est un levier d’alignement collectif.

Elle permet de :

  • Formaliser des normes partagées et explicites, discutées avec les parties prenantes.
  • Structurer la gouvernance : qui décide, qui surveille, qui arbitre.
  • Responsabiliser les utilisateurs de l’IA, dans un cadre clair.
  • Favoriser l’acculturation progressive, pour ne pas subir l’IA mais l’intégrer consciemment.
  • Protéger l’entreprise sur les plans juridique, éthique et réputationnel.
  • Fédérer les équipes autour d’un socle de valeurs commun et d’une vision responsable de l’IA.


Recommandations clés

  1. Co-construire la charte avec un panel représentatif de métiers (RH, DSI, juridique, équipes terrain…).
  2. Prévoir une clause évolutive, révisée tous les 6 à 12 mois selon l’évolution des usages.
  3. Accompagner par la formation, pour transformer la charte en culture vécue.
  4. Articuler la charte IA avec les politiques existantes (RGPD, cybersécurité, RSE…).
  5. Faire de la transparence un pilier : expliquer les algorithmes utilisés, leurs limites, leurs finalités.